Les tablettes numériques
Aperçu des sections
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Ce parcours propose de découvrir des pratiques de classe, d'acquérir des connaissances théoriques sur les tablettes numériques et des compétences techniques pour faire évoluer vos pratiques de classe.
Objectifs :
- Découvrir des pratiques de classe relatives à l'utilisation des tablettes numériques
- Acquérir des compétences pour l'utilisation des tablettes numériques en classe
Durée : 60 minutes
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Beaucoup d'enseignants utilisent déjà les tablettes numériques en classe. Comment les enseignants s'y prennent-ils ?
Nous vous proposons de découvrir quelques-unes de ces situations de classe à travers l'écoute de deux témoignages.1 - Petits films d'animation et tablettes tactiles
Les tablettes permettent un usage en autonomie des outils numériques. En effet, il est possible à la fois d'enregistrer du son, de prendre des photos, des vidéos, de réaliser des films d'animation ou des montages vidéos grâce à des applications très simples d'utilisation. C'est donc un gain de temps, d'espace et de beaucoup d'autonomie pour les élèves. Ils sont d'autant plus fiers du résultat qu'ils ne le doivent qu'à eux-mêmes.
Les tablettes nous ont apporté de nouvelles possibilités quant aux supports de travail à proposer aux enfants et permettent une grande richesse en termes de variété de productions des élèves.
2 - Utilisation de tablettes tactiles en primaire
Les apports du numérique
Ils sont nombreux, très forts et de tous ordres :
- Motivation, rapidité de mise au travail, augmentation de la concentration et de la durée de celle-ci, autonomie des élèves avec l'outil, vitesse d'appropriation et aisance d'utilisation (cet outil fait partie de leur univers et ne leur pose aucun problème).
- Rapport au travail bouleversé pour les élèves. Leur regard face au travail scolaire change : ils ne le subissent plus mais se l'approprient, l'apprécient, et en profitent donc bien plus. L'école et le travail scolaire deviennent, comme les activités de loisirs (choisies), un lieu, un moment et une source de plaisir, de motivation. Les élèves (re)trouvent le goût d'apprendre grâce à un outil adapté à leur génération et au monde dans lequel ils vivent depuis leur naissance.
- Facilité de préparation du travail pour l'enseignant, différenciation plus facile, suivi individualisé de l'élève facilité.
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Consultez ce texte qui propose d'analyser les résultats de la littérature afin d'identifier les déterminants de l'acceptabilité des tablettes par les élèves.
Que dit la recherche ? Perceptions générales des élèves
Dans l'ensemble, les attitudes des élèves vis-à-vis de l'outil sont très positives, qu'il s'agisse des apprenants issus du primaire, du secondaire ou des étudiants – même si des études comparatives soulignent que les élèves plus jeunes sont souvent plus enthousiastes que les élèves des niveaux supérieurs (e.g. Soffer & Yaron, 2017). Les élèves trouvent généralement les tablettes faciles et agréables à utiliser (e.g. Ciampa, 2014). Ils estiment que leur usage en classe rend l'apprentissage plus facile, plus intéressant et plus agréable (e.g. Soykan, 2015). L'adhésion des élèves semble donc à première vue évidente, du moins lorsque l'on observe les données issues de questionnaires à questions fermées. Néanmoins, les études qui mobilisent des méthodologies plus qualitatives (basées sur des questions ouvertes, des entretiens...) font apparaître davantage de nuances : certes, les élèves sont positifs, mais pas sous toutes les conditions (Mulet, van de Leemput & Amadieu, 2019). De plus, les études plus longitudinales montrent que ces perceptions fluctuent au cours du temps.
Des résultats à nuancer
Si les élèves sont généralement très enthousiastes à l'idée d'utiliser des tablettes en classe, des auteurs mettent en garde contre un potentiel effet de nouveauté (Montrieux et al., 2014). En cas d'expériences négatives, les perceptions peuvent se dégrader au fur et à mesure du temps, en particulier les perceptions motivationnelles (e.g. Mulet et al., 2019). Ces expériences négatives peuvent être provoquées par la rencontre de difficultés techniques, en particulier si elles ne sont pas résolues rapidement (Naismith & Corlett, 2006). La compatibilité entre l'outil et les tâches proposées est aussi importante : par exemple, les tâches de rédaction sur tablette sont perçues comme particulièrement difficiles. Dans une étude menée auprès de 403 élèves américains de niveau collège, Ling (2016) constate que moins d'un tiers (31 %) des élèves préfèrent écrire sur tablette plutôt que sur ordinateur ou sur papier. Ce taux tombe à 10 % lorsque les élèves n'ont pas accès à un clavier externe. De plus, bien que les livres scolaires numériques présentent l'avantage d'alléger les cartables, les tâches de lecture prolongées peuvent provoquer un inconfort physique (e.g. Soykan, 2015). Les élèves préfèrent utiliser une tablette individuellement et se la voir attribuer personnellement (Lin, Wong & Shao, 2012) : l'accès régulier à la technologie (notamment hors contexte scolaire) et le fait de pouvoir s'approprier l'outil sont des facteurs d'acceptabilité importants. Enfin, les élèves soulignent que les tablettes doivent être utilisées avec des objectifs pédagogiques clairs (Rossing, Miller, Cecil & Stamper, 2012).
Si les perceptions motivationnelles liées à l'outil sont susceptibles de se dégrader, qu'en est-il de la motivation à apprendre ? Les études qui évaluent l'impact de la tablette en comparant des situations pédagogiques strictement identiques sont rares et ne permettent pas de conclure qu'un usage régulier de la tablette améliore le plaisir perçu, le sentiment de compétence ou la valeur perçue de l'enseignement (Fabian & MacLean, 2014). Souvent même, les élèves soulignent au contraire les risques de distraction que suppose l'usage de la tablette.
Extrait de "Perceptions d'acceptabilité des tablettes en classe" (2020) de Julie Mulet, post-doctorante en psychologie cognitive, laboratoire CLLE, Université Toulouse - Jean-Jaurès
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La question de l'usage de la tablette ne peut laisser de côté les perceptions des enseignants, qui restent décisionnaires des activités et des outils utilisés en classe. Consultez le texte suivant :
Que dit la recherche ? Perceptions des enseignants
Les enseignants sont plutôt positifs lorsqu'on les interroge sur l'intérêt d'intégrer les tablettes en classe, mais une analyse plus fine de la littérature fait apparaître de grandes disparités entre les enseignants. Dans une étude pilote réalisée en Allemagne, Ifenthaler & Schweinbenz (2013) ont conduit des entretiens auprès de 18 enseignants de middle school(l'équivalent du collège). Malgré des perceptions favorables, seule une minorité s'est déclarée convaincue de l'utilité des tablettes pour améliorer les apprentissages des élèves : en fait, les enseignants déclarent ne pas vraiment savoir comment les utiliser à des fins pédagogiques. L'intérêt de l'outil reposerait surtout selon eux sur le plaisir d'utilisation et sur son potentiel motivant pour les élèves. Ce résultat apparaît aussi dans une enquête française menée auprès de 644 enseignants (voir ci-après). Pourtant, les études relatives aux perceptions des élèves présentées plus haut montrent que cette plus-value motivationnelle est peu durable et susceptible de disparaître, une fois passé l'effet de nouveauté.
Déterminants des usages enseignants
Afin de mieux comprendre l'articulation entre les expériences vécues, les perceptions des enseignants et les usages ou intentions d'usage de la tablette tactile en classe, Amadieu (2019) a comparé les perceptions de quatre groupes d'enseignants du primaire et de secondaire :
ceux qui utilisent la tablette ;
ceux qui souhaiteraient l'utiliser mais ne le font pas encore ;
ceux qui l'ont déjà utilisée par le passé mais ont arrêté ;
ceux qui ne souhaitent pas l'utiliser.
Ces quatre groupes d'enseignants partagent l'idée que l'usage des tablettes en classe est facile à appréhender pour les élèves, et tous pensent avoir de bonnes compétences pour utiliser une tablette. En revanche, les enseignants qui ne souhaitent pas utiliser la tablette se sentent moins capables que les autres d'enseigner avec. Ils perçoivent moins l'utilité de l'outil, et ce à différents niveaux : au plan de l'efficacité pédagogique pour les élèves, du plaisir et de la motivation que l'outil induirait et de l'utilité pour leur propre pratique d'enseignement. Les enseignants qui ne souhaitent plus utiliser la tablette ont des perceptions bien plus positives : ils attribuent notamment une utilité forte à l'outil pour améliorer les performances et la motivation des élèves. Contrairement aux enseignants réfractaires, ils se sentent compétents pour enseigner avec des tablettes. Cependant, ils pensent que l'outil est difficile à utiliser en classe et perçoivent peu d'utilité pour leur propre activité d'enseignement. Ces résultats suggèrent qu'au cours de leurs expériences, ces enseignants ont rencontré des difficultés qui auraient contribué à l'arrêt de l'utilisation de la tablette en classe, ce qui est conforté par les commentaires libres qui ont été rédigés : l'utilité pédagogique n'est pas mise en cause mais les difficultés techniques rencontrées sont clairement déplorées.
Extrait de "Perceptions d'acceptabilité des tablettes en classe" (2020) de Julie Mulet, post-doctorante en psychologie cognitive, laboratoire CLLE, Université Toulouse - Jean-Jaurès
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Consultez ce texte qui porte sur les usages des tablettes tactiles, à l'école maternelle, dans le cadre de l'éveil des enfants à l'écrit.
Que dit la recherche ? L'école maternelle a pour mission de préparer les enfants à leur scolarité future. Cela passe par un éveil structuré à l'écrit. On dispose aujourd'hui d'un nombre important de publications scientifiques qui s'intéressent à la manière dont on peut utiliser les tablettes tactiles pour éveiller les jeunes enfants à l'écrit. Parmi ces recherches, quelques-unes, encore rares, s'intéressent à des applications qui permettent aux enfants de créer ou de découvrir des contenus. Cette contribution va s'intéresser à ces dernières. La présentation d'une première recherche sera articulée autour des données scientifiques quant aux potentialités du recours aux tablettes pour éveiller les enfants à l'écrit et quant à quelques questions pratiques : comment organiser les activités ? Peut-on travailler en classe entière ? Quand travailler en groupe, quand laisser les enfants manipuler la tablette seuls ? Ensuite, une seconde recherche portant sur l'utilisation d'un théâtre de marionnettes virtuel sera présentée, au titre d'activité concrète.
Créer et accéder à du contenu avec une tablette, en maternelle : seul, en petits groupes, tous ensemble ?
Beth Beschorner, de l'Université de Drake, dans l'Iowa et Amy Hutchison, de l'Université publique du même Etat, ont publié, en 2013, une recherche dans laquelle elles décrivent ce que deux enseignantes de maternelle ont fait, pendant une période de 7 semaines, avec des tablettes tactiles équipées d'applications prévues pour éveiller des élèves de 4-5 ans à l'écrit. Elles ont procédé à un relevé des activités observées, en lien avec les objectifs pédagogiques des enseignantes. Cette recherche a permis de constater que les tablettes tactiles peuvent s'utiliser aussi bien pour des activités en classe entière qu'en petits groupes (dans le cas présent, les exemples rapportés concernent des groupes d'environ 3 enfants) ou pour des activités individuelles. Les auteures ont en outre recensé des activités intéressantes pour chacune des modalités de travail, dont nous exposerons ensuite les enjeux en termes d'apprentissage. Exemples d'activités observées dans la recherche de Beth Beschorner et Amy Hutchison :
activité avec une tablette par élève : écrire un livre multimédia dans lequel les élèves insèrent des images, des vidéos, des enregistrements de sons, des essais d'écriture, qu'ils ont créés ou des dictées à l'adulte ;
activités avec une tablette par petits groupes d'élèves : a) essayer collectivement d'écrire des mots rencontrés en classe, b) écouter à plusieurs des histoires enregistrées sous forme de livres à écouter ;
activité avec une tablette pour la classe : lors des rituels, utiliser la tablette pour aller chercher des informations sur la météo, la date et les consigner dans un tableur ou sur un journal de bord en utilisant un logiciel de traitement de texte.
Créer et accéder à du contenu avec une tablette en maternelle : quels enjeux ? Avec quel genre d'applications ?
(...)
(1) Utiliser les tablettes tactiles pour que les élèves fassent des essais d'écriture présente plusieurs avantages. On dispose, sur un même outil, d'applications qui vont permettre une écriture libre (applications de dessin) et d'applications qui contraignent à utiliser certains signes pour écrire (lettres mobiles et traitements de textes). Les travaux d'Isabelle Montésinos-Gelet de l'Université de Montréal et de Marie-France Morin de l'Université de Sherbrooke (Montésinos-Gelet et Morin, 2006) ont montré que les enfants de maternelle déploient des efforts pour apprendre à connaître les signes qui servent à écrire. Elles parlent de préoccupations visuographiques. Elles mettent également en avant que les échanges entre enfants autour de leurs tentatives d'écriture vont permettre des apprentissages. Dans les situations évoquées par Beschorner et Hutchison, les élèves collaborent pour écrire avec les deux types d'applications.
(2) Utiliser des lecteurs interactifs de contes traditionnels peut présenter plusieurs avantages. Ces applications permettent d'entendre l'histoire lue, de toucher une illustration pour en avoir une description, ou d'enregistrer sa voix qui raconte l'histoire. Tout cela peut donner des occasions, en classe, pour échanger autour de la différence entre les registres de langue (l'oral et l'écrit). Les travaux de Philippe Boisseau (par exemple, Boisseau, 2005), encouragent à ce type d'échanges pour permettre aux enfants d'établir des liens entre les deux registres de formulation.
(3) Utiliser des applications de communication synchrone (messagerie instantanée, logiciel d'appel) ou asynchrone (courriel) peut soutenir la découverte par les enfants de la fonction communicative de l'écriture. Les travaux de Jacques David et de Sandrine Fraquet (David et Fraquet, 2011), de l'Université de Cergy-Pontoise, ont montré qu'il s'agit là d'une des premières fonctions accessibles aux jeunes enfants. Les tablettes tactiles permettent des communications variées, simples à mettre en œuvre et permettent facilement aux enfants d'expérimenter autour de cette fonction.
Extrait "Tablette, créativité et éveil à l'écrit" de (2016) de Loïc Pulido - professeur en développement de l'enfant en contexte éducatif, département des sciences de l'éducation, Université du Québec à Chicoutimi
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Visionnez ce 1er tutoriel vidéo, issu d'une série de cinq, expliquant, étape par étape, comment réaliser son premier film avec des images animées grâce à l'application Stop Motion Studio.
Visionnez ce 2ème tutoriel vidéo, issu d'une série de cinq, expliquant, étape par étape, comment utiliser la fonction "pelure d'oignon" (étapes successives d'une animation par transparence) et régler la vitesse de son film (nombre d'images par seconde) lors de la réalisation de son film, avec l'application Stop Motion Studio.
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- Pour les élèves, les degrés d'utilité pédagogique et de facilité d'usage perçus de la tablette dépendent des tâches proposées. L'utilisation de la tablette peut être proposée pour certaines activités mais évitées pour d'autres, comme les tâches de rédaction. L'usage de la tablette doit répondre à un objectif pédagogique clair et ne pas être uniquement un « prétexte » pour motiver les élèves.
- Les élèves s'approprient mieux l'outil et l'acceptent davantage lorsqu'ils peuvent disposer d'une tablette individuelle et personnelle.
- L'adhésion des élèves, autant que celle des enseignants, repose en grande partie sur la rapidité de résolution des problèmes techniques. C'est un point crucial à prendre en compte lorsqu'un établissement scolaire décide de proposer l'usage des tablettes.
- Pour inciter les enseignants à utiliser des tablettes en classe, il convient de les former en mettant l'accent sur les applications pédagogiques existantes et leurs possibilités d'usage.
Extrait de "Perceptions d'acceptabilité des tablettes en classe" (2020) de Julie Mulet, post-doctorante en psychologie cognitive, laboratoire CLLE, Université Toulouse - Jean-Jaurès