Aperçu des sections

  • Ce parcours vous invite à changer de regard sur le conflit pour le prévenir ou le cas échéant le gérer.

    Collège : élèves de 11 à 14 ans

    Lycée : élèves de 15 à 18 ans

    Objectifs :

    • Réguler les tensions pour prévenir une éventuelle escalade
    • Acquérir des moyens d'intervention

    Durée : 60 minutes

  • Activité 1 - Ne pas céder à l'affolement

    Prenez connaissance des rapports suivants.

    « Rapport d'incident établi par madame F. enseignante.

    Comme tous les vendredis, je donne un cours d'instruction civique aux 5e 9. Aujourd'hui 7 mai, la classe était relativement attentive.

    Pendant le cours, j'ai remarqué que deux élèves, P. et G., avaient leur bureau rempli de papiers découpés aux ciseaux. Et, j'ai demandé aux deux élèves de bien vouloir ramasser ces petits bouts de papier sur le bureau et par terre. Les deux élèves ont nié être responsables. Ils ont refusé. J'ai alors demandé plusieurs fois. Puis P. a bien voulu ramasser ceux qui étaient sur le bureau. Elle s'est donc levée et les a jetés à la poubelle. J'ai demandé alors à G. de les ramasser à la fin de l'heure, puis j'ai continué le cours.

    Puis, la sonnerie a retenti, j'étais au tableau, j'ai demandé de nouveau à G. de ne pas oublier de ramasser les papiers. Il s'est alors précipité à la porte, je me suis dirigée vers la porte pour lui demander de le faire, il a refusé. Je lui demande alors de me donner son carnet, il a refusé. À ce moment-là, plusieurs élèves interviennent et conseillent à G. de me remettre son carnet II refuse toujours et cherche à sortir. Et à ce moment-là, il me bloque la porte, s'avance, me tire par le pull, je me suis sentie alors attaquée et agressée. Je lui demande alors de s'arrêter, je le menace d'une gifle s'il continue à me bousculer. Il m'a répondu d'une façon provocante : essaie ! Je lui ai alors donné une gifle. Il m'a giflée aussitôt À ce moment-là, la porte s'est ouverte et j'ai tiré l'élève dans le couloir, je cherchais un surveillant pour qu'il emmène l'élève. Un surveillant se trouvait là et a emmené l'élève rapidement. Je suis alors retournée dans la classe, bouleversée par cet incident et j'ai trouvé à mon bureau un groupe d'élèves en train de ranger mes affaires. »

    • Quelle représentation du conflit vous faites-vous ?

    • Quelle compréhension avez-vous de cette situation ?

    • Que vous dites-vous à propos de cette enseignante ? À propos de l'élève ? À propos de la classe ?

    Maintenant prenez connaissance du rapport d'incident établi par l'élève.

    « Faits rapportés par écrit par G., (14 ans).

    C'est W. qui a déchiré les papiers. Elle les a donnés à P. qui les a jetés par terre.

    Je n'ai pas donné tout de suite mon carnet de correspondance. Au début, j'ai dit non. J'étais devant la porte, je voulais sortir. Madame F. m'empêchait de passer pour avoir d'abord le carnet, j'ai voulu retirer ma carte de bus et le lui donner. Elle me l'a pris des mains. Je lui ai repris des mains. Elle n'a pas eu le carnet. J'ai essayé de passer avant qu'elle me demande le carnet Elle s'est mise devant la porte.

    J'ai voulu ouvrir la porte. Madame F. m'en empêche. II y a eu bousculade, je ne sais pas avec qui. J'ai marché sur les pieds du professeur quand je lui ai arraché le carnet. Je ne me suis pas excusé.

    Madame F. a dit : "Tu veux une claque", j'ai répondu : "Essaye". »

    Document extrait de Banlieues : les défis d'un collège citoyen, Jacques Pain avec Marie-Pierre Grandin-Degeois et Claude Le Goff, © ESF Editeur, 1998.

    • La représentation que vous aviez du conflit a-t-elle évolué ?

    • Selon vous, comment et à quels moments auriez-vous pu intervenir pour faire baisser la tension dans le conflit ?


  • Activité 2 - Les différents types de réaction

    D'après DE PERETTI André, LEGRAND Jean-André, BONIFACE Jean, Techniques pour communiquer, © Hachette Education, 1994.

    D'après DE PERETTI André, LEGRAND Jean-André, BONIFACE Jean, Techniques pour communiquer, © Hachette Education, 1994.



  • Activité 3 - Les interventions qui diminuent ou augmentent la lutte du pouvoir

    La lutte pour l'obtention du pouvoir

    Nos comportements

    qui diminuent la lutte de pouvoir

    Nos comportements

    qui augmentent la lutte du pouvoir

    Directives simples

    Répondre rapidement ou impulsivement

    Choix deux ou trois solutions

    S'acharner à convaincre

    Écoute active

    Menacer

    Consignes brèves et directes

    Interagir en présence d'un public

    Discussion en privé

    Demeurer dans l'interaction trop longtemps

    Utilisation de la technique du « disque brisé »

    Répondre avec trop d'émotion

    (colère, sarcasme, chantage, etc)

    Applications des règles convenues

    Rabaisser l'élève en groupe

    D'après Claire Beaumont


  • Activité 4 - Interventions de base face aux comportements difficiles

    Interventions de base face aux comportements difficiles
    La plupart des perturbations en classe sont mineures ce sont plutôt leur répétition qui rendent la situation difficile. La manière de réagir face aux perturbations est déterminante pour son efficacité dans l'instant mais aussi pour sa valeur éducative. Elle suppose quelques qualités :
    La vigilance
    C'est pouvoir être attentif à ce qui se passe en tout point de la classe à tout moment, et que les élèves en soient conscients. L'enseignant doit par des comportements gestuels ou verbaux faire savoir qu'il est conscient de ce qui se passe dans la classe et qu'il interviendra si nécessaire.
    La tolérance
    Les attentes en termes de comportement sont différentes selon les enseignants et leur état de fatigue. Mais on sait que l'intolérance au moindre écart crée un climat de tension propice aux provocations. En fonction de la classe, de l'activité, de l'état d'excitation des élèves, l'enseignant aura intérêt à adapter ses exigences et ses modalités d'intervention sans pour autant négliger le respect des règles.
    Le respect
    Toute intervention pour faire cesser un comportement inapproprié ne peut être efficace que dans le respect de l'élève, et en lui évitant, autant que possible, de lui faire perdre la face devant ses pairs. Pour des perturbations mineures il est préférable d'intervenir discrètement auprès de l'élève sans déranger l'activité du groupe. Prenons garde aux situations répétées où la fatigue et l'irritation génèrent dans des communications réactionnelles où l'émotion prend le pas sur la raison, des propos (ironie, sarcasmes, dénigrement en public) regrettés ensuite.
    Le calme
    Il importe de pouvoir conserver son calme ou le retrouver avant d'imposer une sanction. En abordant la situation sans crier, avec une voix calme et ferme, une gestuelle apaisante) l'enseignant évite l'escalade conflictuelle. De plus il peut être pour les élèves un exemple en se comportant de manière assertive (maîtrise de soi) face à une situation conflictuelle.

    D'après BLIN Jean-François, GALLAIS-DELOFEU Claire, Classes difficile.s Des outils pour prévenir et gérer les perturbations scolaires, © Editions Delagrave Pédagogie et formation, 2001.


  • Activité 5 - Intervention de l'enseignant face à un élève perturbateur

    Intervention de l'enseignant face à un élève perturbateur

    Dans la mesure où la perturbation est mineure, c'est à dire plus un dérangement qu'une incivilité, il est préférable d'intervenir discrètement en formulant sa remarque à proximité de l'élève. Le rappel à l'ordre doit viser le comportement et non la personne pour éviter toute humiliation.

    Le message sera d'autant plus efficace s'il :

    • est exprimé à la première personne ( Je ) et de manière ferme,
    • est clair et concis,
    • décrit le comportement à cesser et celui qui est attendu,
    • manifeste de l'encouragement et peut proposer un soutien à l'élève.


    L'élève peut tester la volonté de l'enseignant en continuant son comportement. Il convient alors de répéter le rappel verbal pour montrer sa détermination et refuser toute tentative de discussion. Eviter de tomber dans le piège de « c'est pas moi » ou « c'est toujours sur moi que ça tombe ». Il faut éviter ce piège qui généralement fait perdre du temps et surtout transforme la situation en rapport de force rendant l'élève de plus en plus hostile pour ne pas perdre la face devant ses camarades. Si pour la plupart des élèves une réaction affirmative et non hostile de l'enseignant suffit à arrêter le comportement, pour des élèves plus perturbateurs il convient de ne pas réitérer inutilement les rappels à l'ordre. Après répétition de la demande, il devient nécessaire de faire une dernière mise en garde avant la sanction.

    D'après BLIN Jean-François, GALLAIS-DELOFEU Claire, Classes difficiles Des outils pour prévenir et gérer les perturbations scolaires, © Delagrave pédagogie, 2004.


  • Activité 6 - Communiquer en situations critiques

    Communiquer en situations critiques

    Lorsque nous avons à traiter un conflit ou à intervenir dans une situation de crise aiguë, plusieurs facteurs peuvent contribuer à l'échec ou à la réussite de notre action :

    • parce que nous ne savons pas comment il faut procéder dans tel ou tel type de situation ;
    • parce que nous savons, intellectuellement parlant, comment faire, mais que nous n'y parvenons du fait de la peur, de l'angoisse et des émotions qui nous font perdre une partie importante de nos moyens ;
    • parce que l'autre partie est inaccessible à tout compromis ;>
    • parce que nous refusons de céder et faisons le choix de provoquer un affrontement, bien que nous sachions comment opérer et avons les moyens de parvenir à une solution satisfaisante.


    Les 18 principes de communication suivants peuvent être valables face à des comportements d'intimidation, de refus d'obéir, de provocation, de crise.

    1. Décoder les mots de la personne. Ils correspondent à son code culturel, mais surtout, ils lui servent à décrire, souvent inconsciemment, le « monde interne » dans lequel il se débat.

    2. Comprendre la perception que la personne se fait de la situation, si celle-ci est susceptible de réagir violemment (et surtout s'il existe des antécédents de passages à l'acte).

    3. Tenter de permettre à la personne qui refuse une injonction d'être en accord avec nous sur un point, dès le début de la communication, avant que les rapports ne se tendent jusqu'à un point de nonretour. Nous essaierons de l'amener à répondre par l'affirmative en évoquant des sujets qui le lui permettent (par exemple, « acceptez-vous de réfléchir sur les conséquences de votre attitude ? », « avez-vous compris ce que je vous demande ? » ou sur la recherche d'un compromis acceptable, etc.). Ce procédé, pratiqué intelligemment, peut favoriser la reprise du dialogue sur d'autres bases en diminuant la tension interne de la personne et l'aider à mettre progressivement à distance la pulsion investie dans le conflit.

    4. Pratiquer « l'illusion de choix », si l'opportunité se présente. Pour un sujet qui refuse une injonction, choisir entre l'acceptation de son plein gré ou l'application d'une sanction, voire l'application par la contrainte, est un faux choix. Il est préférable de prévenir clairement le sujet que son comportement n'est pas acceptable, qu'il a le « choix » entre une mesure contraignante et la maîtrise de lui-même (le but étant de le responsabiliser). Réduire la résistance à l'injonction par ce procédé nécessite de comprendre l'état dans lequel se trouve le sujet, au préalable, et d'utiliser cette technique subtilement. Plus il y aura de « choix illusoires » à proposer, et plus il y aura de chances de calmer la situation. La proposition doit être claire, brève et ferme. Il faut éviter de s'engager dans des tergiversations sans fin ou de donner l'impression que l'on se moque de la personne, au risque d'augmenter sa tension.

    D'après SALOMON LAGRANGE Claude, Quelques notions pour comprendre et traiter les situations critiques et les comportements violents, © Editeur Formation d'Idées.


  • Activité 7 - Comment gérer le conflit ?

     

     

  • Ce qu'il faut retenir

    De manière générale on sait que les réactions au conflit peuvent aller d'un continuum qui irait de la fuite (refuser de voir le conflit, de le prendre en compte) à l'affrontement, au sens plein du terme c'est-à-dire le prendre de front. Ce qui peut se concrétiser de deux façons : affronter par la force (verbale et/ou physique) ou affronter avec les mots, communiquer, négocier au sens le plus large du terme.

    Entre ces extrêmes, deux étapes intermédiaires peuvent trouver leur place : l'adoucissement (qui d'une certaine manière reviendrait à arrondir les angles) et l'accommodement (où l'on renonce à ses propres intérêts pour privilégier la relation).

    Avoir en tête ces différentes réactions vous aidera à repérer celle que vous avez tendance à adopter le plus spontanément, mais aussi à reconnaître la réaction d'autres acteurs d'un conflit.

    La compréhension de ce qui se joue et l'appropriation de quelques principes de communication peuvent vous permettre de rester maître de vous en situation difficile, de ne pas entrer dans une lutte de pouvoir avec un élève. Comprendre que le conflit se construit dans la relation dans une suite d'interactions dans lesquelles vous êtes acteur. Quand bien même l'interpellation d'un élève est déplacée, voire inacceptable, vous devez pouvoir y répondre en restant l'adulte référent, le professionnel face à un adolescent en construction.

    Dans une situation de conflit, on pourrait mettre en avant une attitude pédagogique dont les bases seraient :

    •avoir une attitude qui, quoi qu'il se passe ensuite, permette aux élèves ou aux personnels sous votre responsabilité de vous être reconnaissants de ne pas avoir cédé à l'affolement et/ou à la surenchère.

    •avoir une attitude et un discours qui mettent à plat les problèmes. Dans une situation de conflit, il est essentiel que le professionnel que vous êtes, par son attitude et ses propos, puisse sécuriser le groupe. Car ce qui se transmet le mieux, c'est la peur.

    De plus comme l'une des caractéristiques du conflit étant d'être sujet à l'escalade, il est essentiel que l'enseignant, le responsable de service ou le chef d'établissement soit lui-même en mesure de respecter les règles et valeurs éducatives. Il doit demeurer un exemple, être le garant, donc en les respectant lui-même, des règles et valeurs de la communauté éducative.

    Il conviendra également d'être attentif aux signes avant-coureurs et dans le cas où le conflit n'aura pas pu être évité et éclate, en différer la gestion. Afin d'une part de ne pas gérer à chaud, guidé par l'émotion qui nous « manipule » et d'autre part pour se donner le temps de gérer le conflit pour ce qu'il exprime vraiment.