Climat scolaire : clarifier la notion de conflit 1/2
Aperçu des sections
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Ce parcours vous invite à changer de regard sur le conflit pour le prévenir ou le cas échéant le gérer. Au-delà de vos propres représentations du conflit, vous pourrez le repérer pour ce qu'il est et le distinguer des perturbations, des incivilités, et de la violence. Mais aussi et surtout le différencier du problème.
Collège : élèves de 11 à 14 ans
Lycée : élèves de 15 à 18 ans
Objectifs :
- Comprendre les enjeux et les conséquences des situations conflictuelles,
- Réguler les tensions et les conflits pour prévenir une éventuelle escalade,
- Développer des attitudes de communication et des capacités relationnelles qui permettent de prévenir, de prendre en compte et gérer des conflits entre élèves, entre élèves et adultes comme entre adultes,
- Transformer un conflit en opportunité pour pouvoir travailler ensemble.
Durée : 60 minutes -
Leur tonalité vous semble-t-elle plutôt négative ? Ou certains mots expriment-ils une vision potentiellement du conflit ? Ce premier élément de lecture vous permettra de repérer ou confirmer votre relation au conflit. Le conflit pour vous est-il par nature négatif, néfaste ? Ou peut-il avoir des aspects ou des effets positifs ? Clarifier votre relation au conflit est essentiel pour être en capacité de le prendre en compte... Condition nécessaire, pensons-nous, à sa gestion. Si le conflit est pour vous, par nature, exclusivement néfaste, changer de regard sur cet a priori sera pour vous un enjeu fort.
Parmi les mots ou expressions cités, reconnaissez-vous des émotions ? Sont-ils en nombre ? Ou avez-vous plutôt pensé à des mots évoquant les causes ou les objets du conflit ? C'est-à-dire à ce que nous nommerons sa dimension problématique. Pourtant nous le verrons, la composante émotionnelle est importante dans un conflit. Elle est le témoignage de la dimension relationnelle du conflit.
Reconnaissez-vous dans les expressions que vous avez proposées ce qui pourrait témoigner d'un jugement sur les acteurs du conflit. Par exemple : « mauvaise foi », « manipulation », « victime », « agresseur »... Cela peut témoigner de la conviction que dans le conflit il y aurait un acteur responsable ou du moins plus responsable que l'autre. Peut-être même pour vous un agresseur et une victime. Une fois encore les activités qui suivent vont vous proposer de déconstruire cette représentation du conflit.
Des modes de gestion du conflit ont-ils été proposés ? Participent-ils exclusivement de modes directifs, autoritaires ? Ou avez-vous pensé à des modes plus coopératifs ? Enfin les mots : violence, incivilité, agression, harcèlement... ont-ils été évoqués ? Auquel cas l'activité suivante va d'ores et déjà vous permettre de clarifier la notion de conflit en le différenciant de ces autres acceptions. -
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À l'appui du témoignage suivant, sauriez-vous différencier le conflit du problème ?
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Différences entre problème et conflit Problème
Conflit relationnel
Il est observable.
Il est observable.
C'est un écart entre une situation
existante et une situation souhaitée.
C'est une opposition, un heurt, un choc.
L'autre est perçu comme étant
responsable de la situation.
Il y a une perception commune de la situation.
Les personnes ont des visions opposées de la situation.
Il est mesurable.
Il n'est pas mesurable.
Les personnes sont disposées à collaborer ensemble pour résoudre le problème.
Chacun a le sentiment que l'autre ne veut pas collaborer et manifeste à son égard un réflexe accusatoire.
Il génère une insatisfaction acceptable.
Il éclate lorsqu'il y a accumulation d'insatisfactions atteignant un degré inacceptable.
Dimension rationnelle
Dimensions émotionnelle et rationnelle
D'après MARSAN Christine, Gérer et surmonter les conflits, © Dunod, 2005.
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« Le conflit consiste en un affrontement en un heurt intentionnel entre deux êtres ou deux groupes de même espèce, qui manifestent les uns à l'égard des autres une intention hostile, en général à propos d'un droit, et qui même pour affirmer ou rétablir le droit essaient de briser la résistance de l'autre éventuellement par la violence, laquelle peut le cas échéant tendre à l'anéantissement physique de l'autre. »
FREUND Julien, Sociologie du conflit, PUF, 1983.
« Nous pouvons définir le conflit comme une situation où des acteurs soit poursuivent des buts différents, défendent des valeurs contradictoires, ont des intérêts opposés ou différents, soit poursuivent simultanément et compétitivement le même but. »
TOUZARD Hubert, La médiation et la résolution des conflits, Presses universitaires de France psychologie d'aujourd'hui, 1977, Paris.
« Le conflit est un événement qui n'est ni bon ni mauvais en soi, c'est une communication entre individus, dans ce sens les conflits sont inévitables dans les rapports humains . »
« C'est une source de changement et une occasion de dépassement. Il ébranle les croyances, remet en jeu le statu quo et exige la remise en question continuelle des règles de conduite. »
LEVESQUE Justin, Méthodologie de la médiation familiale, Edisem, 1998.
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Nous avons le plus souvent une représentation négative du conflit. Il est indéniable que les conflits peuvent avoir des effets négatifs, voire destructeurs.
Parmi lesquels :
- dépense d'énergie émotive et de temps,
- rupture de la communication, voire de la relation,
- perceptions négatives envers l'autre,
- escalade du conflit qui se manifeste alors de manière violente.
La peur provoquée par le conflit est tel que le/les protagoniste(s) peut/peuvent tomber dans le piège d'un conservatisme extrême ou d'un consensus déraisonnable.
Pourtant, le conflit peut avoir aussi des effets positifs, constructifs. Ainsi il :
- stimule l'énergie,
- permet la créativité,
- responsabilise l'individu,
- renforce l'image de soi dans la résolution du conflit,
- fait avancer la société dans ses valeurs,
- améliorer la cohésion d'un groupe,
- stimule l'innovation, le changement,
- encourage la recherche d'une meilleure solution par une plus grande expression individuelle.
Il peut donner lieu à une exploration des sentiments des valeurs et des attitudes. Ce partage de l'information personnelle peut ainsi aider à approfondir une relation en nous apprenant davantage sur soi, sur les autres et sur nos relations mutuelles.
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Il convient de retenir qu'il y a dans tout conflit deux dimensions : une dimension structurelle, c'est l'objectif que poursuit chacun des protagonistes, et une dimension relationnelle. C'est le plus souvent la première qu'expriment de manière manifeste les acteurs du conflit : la partie visible de l'iceberg. Pour simplifier nous pourrions dire : ce qui semble faire problème. La seconde dimension, relationnelle dont les acteurs n'ont pas toujours conscience, va d'abord se dévoiler par les émotions qu'ils pourront exprimer. Elle est moins apparente. Par méconnaissance ou par réserve à aborder la dimension relationnelle, nous avons parfois, tendance à réduire le conflit à sa dimension problématique. Toutefois retenons, qu'en ne traitant que la dimension problématique, sans prendre en compte la dimension relationnelle, le risque est réel que le conflit ne ressurgisse dans les semaines ou les mois qui suivent. Sous l'apparence d'un nouveau problème... ou du même !
Enfin pour s'autoriser à prendre en compte pleinement le conflit, il est essentiel qu'au-delà des aspects négatifs du conflit, vous puissiez à présent reconnaître qu'il peut avoir des effets positifs.